Les fromages d’Auvergne sont-ils en forme ?

Je parle très souvent de mes racines auvergnates sur ce blog : bien que je n’y ai presque pas vécu, je suis attachée à ma région d’origine où j’ai encore de la famille. Élevée aux fromages de cette région, notamment pendant les vacances chez mes grands-parents, je garde une affection toute particulière pour ces produits. Mais justement, comment se portent les fromages d’Auvergne ? Leur production est-elle en bonne santé ?

 

On connait la sainte Trinité, on connait aussi les non moins fameux 3 P (Pastis / Pétanque / Paëlla) et j’imagine qu’à force de lire ce blog vous connaissez le trio gagnant des fromages d’Auvergne : Saint-Nectaire / Bleu et Cantal ? Et bien loupé, il y avait un piège : outre le Cantal, il y a aussi le Salers et n’oublions pas la savoureuse Fourme d’Ambert !

 

Une évolution douloureuse pour certains

Les statistiques publiées par le CNAOL (Conseil National des Appellations d’Origine Laitière) et qui donnent l’évolution 2002/2012 de la production des fromages est sans appel pour les produits d’Auvergne : seul le Saint-Nectaire tire son épingle du jeu avec une progression de + 11% au total – et même de 25% si l’on isole le Saint-Nectaire fermier.

Par contre, pour les autres fromages d’Auvergne, c’est la Bérézina :

– le Salers pointe à -11.5 %, la fourme d’Ambert à -14 %

– bonnet d’âne pour le bleu d’Auvergne à – 24 % et le Cantal à – 25 %

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Des raisons identifiées

Ce constat fait froid dans le dos pour les amateurs comme moi et surtout il nous interroge : pourquoi ces résultats alors que dans le même temps l’ensemble des fromages AOP au lait de vache sont stables avec une progression de + 1,1 % ?

Quelques motifs d’explications :

– pour le Cantal, la baisse serait à tempérer car il y aurait une bisbille sur les chiffres : le tonnage de 2002 aurait été surévalué et l’évolution ne serait donc que de 15%

– pour les pâtes persillées, Bleu d’Auvergne et Fourme d’Ambert, elles souffriraient de la concurrence des fromages moins typés, par exemple le Saint Agur et autres – lancés à grand coup de campagnes marketing au début des années 2000

– autre facteur d’explication, le vieillissement de la population française qui change mécaniquement les habitudes de consommation, les jeunes étant plus attirés par des fromages moins typés

– enfin, les AOP d’Auvergne ont du mal à s’adapter aux nouveaux modes de consommation : les espaces de vente à la coupe sont de plus en plus réduits dans les grandes surfaces au profit du libre-service en rayon. Or, les fabricants peinent à trouver un conditionnement optimal pour que les saveurs et arômes du fromage se conservent bien. Un retard important à rattraper, et vite !

– et je ne reviendrais pas sur le coût de plus en plus important du fromage qui fait que, notamment dans les grandes villes comme Paris, cela devient un véritable produit de luxe. 

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Le cas à part du Saint-Nectaire

Bonne élève de la classe auvergnate, le Saint-Nectaire tire son épingle du jeu. Fromage à la mode et assez hype, il est bien servi par des campagnes de marketing assez efficaces qui mettent en avant le travail des producteurs et notamment le grand nombre de femmes fabricant ce fromage. 

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Son dynamisme commercial s’explique aussi par un nouveau cahier des charges mis en place en 2007 qui a rassuré les consommateurs et a éclairci les conditions de production (vaches nourries exclusivement avec l’herbe de la zone Aop etc…).

Dernier point à noter pour le Saint-Nectaire, la moitié de la production l’a été par des agriculteurs : en effet, il est plus profitable pour eux de transformer leur lait sur place en fromage que de le vendre à une laiterie. Par exemple, 1000 litres de lait transformés en Saint-Nectaire rapportent environ 1000 € contre… 350€ s’ils sont vendus en fromagerie. Et un Saint-Nectaire est bien plus simple à produire qu’un Cantal…

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Pour en savoir plus, découvrez deux articles complémentaires, un de La Montagne – quotidien bien connu des Auvergnats – et un second des Echos :

http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/2014/01/07/a-l-exception-du-saint-nectaire-les-fromages-aop-dauvergne-ont-bien-fondu_1826264.html

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/grande-consommation/actu/0203338334553-les-fromages-aop-restent-a-la-peine-653878.php

 

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